Le Grand Orchestre des animaux

Du 2 juillet 2016 au 8 janvier 2017, la fondation Cartier présente à Paris Le Grand Orchestre des animaux, inspiré par l’œuvre de Bernie Krause, musicien et bio-acousticien américain. L’exposition invite à une immersion sonore et visuelle autour du monde animal, de plus en plus menacé.*
PhotoLucBoegly_OK.jpg

 

Nous avons pu visiter l’exposition quelques jours après son ouverture et profiter d’une visite guidée exclusive et nous nous sommes entretenus avec Camille Chenet, responsable de la production des expositions à la fondation Cartier. Pour cette exposition, mieux encore que pour les expositions précédentes, la fondation Cartier s’est dotée de moyens audiovisuels de diffusion (écrans, projecteurs) à même de restituer la beauté des images infographiques et vidéo qui y étaient présentées. Les moyens techniques proviennent majoritairement de chez Panasonic, un choix mûrement réfléchi et décidé par les équipes de la fondation Cartier.

Camille Chenet, responsable de la production des expositions à la fondation Cartier, est chargée de la mise en place des expositions, en particulier la partie technique, en relation avec les différents directeurs techniques et audiovisuels. Nous l’avons rencontrée à l’occasion de l’exposition Le Grand Orchestre des animaux qui fait très largement appel au 4K.

 

Sonovision : Pouvez-vous, en quelques mots, nous présenter l’exposition qui s’est ouverte il y a quelques semaines à la fondation Cartier ?

Camille Chenet : L’exposition en cours à la fondation Cartier s’appelle Le Grand Orchestre des animaux. Elle est ouverte jusqu’au 8 janvier 2017. Le point de départ de l’exposition a été une rencontre avec l’acousticien Bernie Krause. L’idée était de mettre en scène tous les sons qu’il a pu enregistrer. C’est la genèse de cette idée d’exposition sur les animaux. Puis, sont venus d’autres artistes, qui font également partie de l’exposition, notamment Cai Guo-Qiang ou Hiroshi Sugimoto, exposés plutôt dans la partie rez-de-chaussée de la Fondation. C’est une exposition visuelle, plastique, qui regroupe de la peinture, des dessins et aussi de la vidéo.

 

Sonovision : C’est vrai que vous utilisez régulièrement des moyens audiovisuels, mais là les moyens sont peut-être plus importants ; qu’est-ce qui a motivé vos choix ?

Camille Chenet : Nous avons, à la Fondation, un vrai besoin technique, puisque nous présentons régulièrement des œuvres audiovisuelles. Ici, contrairement aux autres expositions que nous présentons, nous avons une particularité : une installation très technologique au sous-sol qui a permis aux United Visual Artists d’élaborer la mise en scène des sons de Bernie Krause. Ces artistes londoniens, choisis par la fondation Cartier, ont décidé de créer une installation immersive des sons de Bernie Krause, non seulement par le son, mais aussi par la vidéo, sous forme de représentation imagée des ondes sonores des cris des animaux. C’est une installation assez compliquée techniquement, parce que nous utilisons plusieurs vidéoprojecteurs, sept en tout, des PT-DZ780 de chez Panasonic. Ce sont vraiment les United Visual Artists qui ont été à l’origine de ce désir de travailler avec l’équipement Panasonic puisqu’ils connaissaient assez bien les divers équipements existants. Et c’est à partir de ce moment-là, que nous nous sommes rendus compte que nous voulions travailler avec d’autres matériels Panasonic au rez-de-chaussée, pour toutes diffusions d’œuvres vidéo sur des écrans, car la qualité de restitution des images était à la hauteur de notre exigence.

 

Sonovision : Au rez-de-chaussée, se trouvent trois écrans 4K de 98 pouces qui diffusent des images photographiques d’un artiste japonais ; là encore, le choix est-il technique, esthétique ?

Camille Chenet : Nous avons effectivement choisi d’utiliser des écrans 4K pour l’artiste Manabu Miyazaki que nous présentons dans la grande salle du rez-de-chaussée. Les images délivrées par l’artiste étaient de très haute définition, c’est pourquoi nous avions la véritable volonté d’obtenir une image très qualitative et, par l’utilisation des écrans 4K, d’avoir également une grande luminosité sur ces écrans. En effet, le rez-de-chaussée du bâtiment est paré de cloisons en verre ; cela a été un vrai besoin de la Fondation de trouver des écrans à la fois lumineux, discrets, c’est-à-dire sans trop de bords noirs tout autour. Nous voulions quelque chose de très esthétique qui puisse s’inscrire dans la plastique du bâtiment dessiné par Jean Nouvel.

 

Sonovision : Un autre lieu utilise des écrans sur lesquels apparaissent des scènes avec des oiseaux, quels sont-ils ?

Camille Chenet : Oui, nous utilisons également des écrans dans la petite salle du rez-de-chaussée pour diffuser les images du Cornell Lab of Ornithology qui sont des images d’animaux, eux-mêmes artistes dirons-nous, puisqu’ils créent, via des parades, des images très esthétiques. Nous avons utilisé des écrans 49 pouces de très haute définition qui ont pour particularité d’être très lumineux, comparés à d’autres écrans 49 pouces ; ils se devaient de l’être suffisamment pour ne pas être gênés par la lumière ambiante.

 

Sonovision : Comment travaillez-vous généralement ? Avez-vous un prestataire ? Faites-vous vous-mêmes les installations ? Pouvez-vous un peu nous expliquer la mise en place technique ?

Camille Chenet : À vrai dire, la fondation Cartier a un fonctionnement assez particulier puisque, en général, les œuvres sont des commandes réalisées par la Fondation elle-même. Des artistes sont évidemment impliqués dans la mise en place de l’installation. Après, c’est la production qui se charge de s’entourer des personnes compétentes techniquement pour décider du choix du matériel technique. Ensuite, toute une équipe interne à la Fondation installe ce matériel. On a l’habitude de travailler toujours avec les mêmes prestataires, puisque la fondation Cartier est un lieu très contraignant. Du coup, on fait toujours appel aux mêmes personnes, des personnes qui nous connaissent très bien, qui connaissent nos délais, nos équipes. Nous avons, grâce à cette implication, une réactivité importante en termes de maintenance. Il ne faut en effet pas oublier que l’exposition tourne six mois et que, durant ce temps, l’équipement technique doit pouvoir fonctionner sans poser de problème.

 

Sonovision : En ce moment, dans tout ce qui est muséographie, université… là où le matériel doit tourner 24h/24, on fait souvent le choix du laser. Cela n’est pas le cas ici, pourquoi ?

Camille Chenet : Effectivement, dans l’installation de Bernie Krause et United Visual Artists, nous avons utilisé des vidéoprojecteurs qui ne sont pas laser. Nous nous sommes posé la question du choix du « laser ou pas laser » et nous avons décidé de garder l’option, disons traditionnelle, classique. Nous trouvions l’image des projecteurs PT-DZ780 meilleure que celles de projecteurs à technologie laser. Nous avons observé une meilleure nuance au niveau des couleurs. Et ici, à la fondation Cartier, il est vrai que la qualité de l’œuvre prime sur le confort, en tout cas sur la durée de l’exposition. Après, la maintenance se fait puisqu’on change les lampes et qu’il n’y a aucun problème. C’est juste une organisation à maîtriser. Mais, voilà, cela a été un vrai choix.

 

Sonovision : Dernière petite question, ce sont des équipes internes qui ont installé les écrans, notamment les 4K. Avez-vous utilisé quelques astuces, parce que leur poids est tout de même assez monstrueux… Vous en avez trois à côté l’un de l’autre. Au niveau de la scénographie, c’est original…

Camille Chenet : Cela a été assez compliqué techniquement effectivement d’installer des écrans 4K qui sont de très grande taille et qui pèsent, dans mon souvenir, à peu près 100 kilos chacun ! En fait, nous avons dû faire un renfort derrière le support pour pouvoir les installer. Et comme vous avez pu le voir, les murs ne sont pas lisses, ils sont crénelés de briques. Nous avons donc dû fabriquer sur mesure des pièces qui viennent supporter les supports mêmes des écrans. Après, effectivement, j’ai envie de dire que ces écrans sont très lourds au niveau poids mais, esthétiquement, ils sont très légers. Ce qui est quelque chose de très important pour nous qui accordons autant d’importance à la technique qu’à l’esthétique. 

 

Bernie Krause et les UVA

Depuis près de cinquante ans, Bernie Krause écoute et archive les sons des territoires naturels sauvages, terrestres et marins. Pour l’exposition, le collectif anglais United Visual Artists (UVA) a créé un dispositif immersif présentant les sept paysages sonores. L’écoute des sons et la visualisation simultanée des sonogrammes dévoilent la beauté et la complexité de la biophonie qui s’organise comme une partition musicale. Les projecteurs PT-DZ780 diffusent les sonogrammes sur les trois faces de la pièce. Au rez-de-chaussée, trois écrans 4K Panasonic LQ70 L diffusent des photographies de l’artiste Manabu Miyazaki en très haute définition.

 

* Cet article est paru pour la première fois dans Sonovision #4, pp. 20-21. Soyez parmi les premiers à recevoir dès sa sortie notre magazine papier en vous abonnant ici