Le premier diplôme universitaire de vidéo mapping pourrait voir le jour à l’université de Lille

À l’origine du Video Mapping European Center, les Rencontres audiovisuelles de Lille donnent l’opportunité à des jeunes créateurs internationaux d’éprouver leur savoir-faire en vidéo mapping monumental. Rencontre avec Antoine Manier qui s’exprime sur le manque actuel d’offres de formation, alors même que le vidéo mapping représente, selon lui, un potentiel de création d’emplois.
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Sonovision : Que représente le Video Mapping Contest dans votre offre en vidéo mapping qui comprend, à ce jour, un festival, des résidences, des formations et les rencontres IBSIC (Image Beyond the Screen International Conference) ?

Antoine Manier : Nous cherchons à élaborer des outils adaptés et les plus complets. Les artistes (débutants ou confirmés) doivent pouvoir passer à l’étape supérieure en suivant nos formations initiales ou professionnelles, nos résidences, etc. Et déployer ensuite, s’ils le souhaitent, leurs compétences au travers de la société de production coopérative, Loom Prod, créée en parallèle de l’association. Le Contest, qui s’adresse aux professionnels ayant une pratique débutante du mapping, s’inscrit dans cette offre de formation. Il était le premier projet développé en 2014 par les Rencontres audiovisuelles, avant même le Video Mapping Festival et les résidences.

S. : Qu’en est-il de la formation en vidéo mapping en France ?
A. M. : Elle est quasi inexistante ! Il n’existe aucune école – ni dans le monde – dédiée au mapping. Certaines écoles des Beaux-Arts organisent des ateliers de sensibilisation de quelques jours. Des formations professionnelles assez courtes sont également proposées par les fabricants (matériel ou logiciel). Avec la Hongrie qui a initié le Limelight Factory, nous devons être les seuls en Europe à proposer une résidence de formation. Les 18/25 ans et les débutants peuvent ainsi suivre à Lille une formation de quatre mois intensifs, les professionnels (audiovisuel, animation, art numérique, etc.) une formation via l’AFDAS ou se lancer dans un projet personnel à travers une résidence ou le Contest. Ils peuvent aussi suivre une résidence de recherche et création thématique sur le vidéo mapping (une initiative des Rencontres audiovisuelles, laboratoire DeVisu de l’Université polytechnique Hauts-de-France et Arenberg Creative Mine, ndlr). Avec l’université de Lille, nous pensons mettre en place le premier diplôme universitaire de vidéo mapping. Les sociétés françaises ont beaucoup de difficultés aujourd’hui à recruter des chefs de projets et à trouver des profils adaptés.

 

S. : Les professionnels de l’animation viennent-ils spontanément au vidéo mapping ?
A. M. : Un fossé existe entre le vidéo mapping et l’animation qui méconnaît encore ce média. Et ce, en partie pour des raisons économiques : le milieu de l’animation en France est très porteur et beaucoup plus subventionné que le mapping qui ne fonctionne que par la commande. En Pologne ou en Hongrie où la filière animation est beaucoup moins structurée, le vidéo mapping représente un débouché. La dimension technique peut aussi rebuter les artistes de l’animation. Mais quand nous leur proposons de participer à un événement, ils sont ravis d’expérimenter une nouvelle forme d’écriture. En 2018, pour l’ouverture du Video Mapping Festival, nous avions invité le réalisateur canadien Theodore Ushev, le studio Train-Train et Momoko Seto. Pour la prochaine édition (3 avril 2020), nous allons demander à d’autres grands noms de l’animation et du cinéma de signer leur premier vidéo mapping.

 

S. : Le marché du vidéo mapping va-t-il s’ouvrir ?
A. M. : Le mapping monumental continue à représenter la part la plus forte de la demande (émanant de la commande publique), mais celle-ci provient aussi du privé qui est à la recherche de mappings événementiels, de projections sur objets, etc. Depuis que nous sommes identifiés, nous recevons, par semaine, une dizaine de demandes en vidéo mapping. Mais la plupart de nos interlocuteurs n’ont encore aucune idée du modèle économique. Parmi nos derniers projets, nous avons travaillé sur un mapping sur maquette pour un stade de la Région Normandie, sur une stèle funéraire pour le musée gallo-romain de Bavay. Les musées sont demandeurs, comme celui de Villeneuve-d’Ascq. Le vidéo mapping représente un potentiel de création d’emplois certain.

 

Extrait de l’article paru pour la première fois dans Sonovision #17, p.22-24. Abonnez-vous à Sonovision (4 numéros/an + 1 Hors-Série) pour accéder, à nos articles dans leur totalité dès la sortie du magazine.