La lumière d’aujourd’hui en installation AV

Le secteur AV utilise depuis toujours la lumière scénique. Mais il est de plus en plus fréquent de voir les fonctions d’éclairage plus classique passer de l’électricien vers l’intégrateur AV. Les cas les plus courants sont les amphithéâtres, les salles de conférences, ou les magasins, les espaces de démonstration, ainsi que la muséographie. Avec le développement des éclairages et des ambiances à Led, ce phénomène s’est encore accru.
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Les utilisateurs sont de plus en plus sensibles à l’intérêt de contrôler les éclairages pour définir des ambiances, pour valoriser des zones, pour attirer le regard du visiteur. De plus, les multiples éclairages à Led permettent de construire des espaces lumineux variés, en combinant les sources de lumière, en intégrant des couleurs.

La lumière est traditionnellement à la charge des électriciens dans les projets. On ne peut que constater que les électriciens, en général, ne sont pas très bien formés aux techniques de lumières commandées. Les architectes ont de leur côté, pour une bonne part, intégré l’intérêt des systèmes de gradation configurables, mais continuent souvent de gérer les projets avec les courants forts des électriciens. Il y a là des choses à améliorer.

Techniquement, un certain nombre de systèmes sont disponibles sur le marché. On connaît les systèmes de gradateurs commandables en tension de 0 à 10 volts. Ce sont des systèmes analogiques parallèles qui commandent des gradateurs traditionnels avec distribution de courant fort. En version décentralisée, le 1/10 volt est un système proche qui commande des luminaires à gradateur intégré, une ligne par zone de contrôle. Ces systèmes sont tombés en désuétude, car analogiques, et de type parallèle un câble par groupe de luminaires.

En version numérique on rencontre le DMX-512. Développé initialement pour le spectacle, ce bus numérique est très performant, rapide (250Kb/s), et permet de contrôler jusqu’à cinq cent douze adresses sur deux cent cinquante-six niveaux. Même si on regrette sa limitation en nombre de canaux. La réussite du système ayant fait exploser la demande en nombre de canaux, il est possible de faire cohabiter plusieurs « mondes » ; un système peut, de ce fait, contrôler plusieurs fois cinq cent douze adresses. Sur le plan physique le DMX est un bus RS485 qui permet avec une seule ligne de boucler le bus d’appareil en appareil. Le DMX a accouché d’un petit frère, l’Art-Net, qui est simplement le protocole DMX porté au réseau IP, ce qui permet un câblage réseau, plus souple et parfois préférable.

L’autre système numérique qui se développe rapidement est le Dali (pour Digital Addessable Lighting Interface). Celui-ci est un protocole rustique de communication pour le contrôle de luminaires. Normalisé par l’IEC (62386), il n’est pas propriétaire. Physiquement, c’est un bus à deux fils non polarisés, qui se raccordent en série ou en étoile indifféremment, à partir du module de contrôle. Le câblage est facilité par le fait qu’il n’y a pas de polarité. Chaque bus accepte jusqu’à soixante-quatre adresses. La vitesse de communication est relativement lente à 1 200 bits/seconde. La possibilité de déclarer des groupes permet de réduire les communications en adressant le groupe pour une valeur plutôt que chaque luminaire individuellement. Les luminaires, ou les ballasts Dali ont donc une connexion trois fils 230 v + terre et deux fils de contrôle. Sur le plan raccordement, il est possible d’utiliser un câble cinq fils en 1.5² ou un câble secteur trois fils et un câble courant faible deux fils.

Le Dali est plus conçu pour les installations fixes et l’éclairage architectural. Il permet cependant de nombreuses combinaisons et en particulier de gérer les luminaires par groupe. Comme pour le DMX, ce bus permet le contrôle de Led de couleur en utilisant trois ou quatre adresses, suivant les ballasts en RVB ou RVB + blanc.

Au-delà, il existe des systèmes de bus propriétaire, tel que Lutron, Crestron, etc. proposant des ensembles, composés d’automates pour la logique, d’interfaces utilisateur, de types boutons, ou écrans tactiles, et des blocs de commandes de puissance pour les luminaires. Ces systèmes sont très performants et adaptés à des installations fixes. Dans tous les cas, ces systèmes de gradation sont contrôlables par les automates. C’est aussi là que se fait le lien avec les intégrateurs. L’automation, étant indissociable de la lumière dynamique et contrôlée, pousse les intervenants donneurs d’ordres vers les intégrateurs audiovisuels, qui ont déjà de l’automation et des interfaces utilisateurs dans leur projet.

Cependant, ceux-ci n’ont que très rarement la compétence de light designer, cette compréhension de l’espace, pour se projeter dans la version finie et éclairée qui est indispensable pour effectuer la prescription des types et quantités de luminaire dans l’espace. Les intégrateurs audiovisuels ne sont donc souvent que des exécutants, dans la mise en œuvre des projets, sur le plan lumière.

À l’inverse, une société comme Nanolight, à la base lighting designer, a développé des capacités d’intégration audiovisuelle, pour offrir à leurs clients un concept global, lumière, son, image. Pour Nanolight, un écran à Led ou LCD, est avant tout une source de lumière qui peut diffuser des images. Par exemple, dans le bar lounge Le Cosy, à Paris, les écrans sont un moyen de diffuser des événements sportifs à l’occasion, mais sont principalement utilisés comme source d’éclairage et d’ambiances mouvantes au quotidien, à partir de programmes fabriqués spécifiquement pour créer des ambiances. De ces deux cheminements, intégrateur audiovisuel vers la lumière ou light designer vers l’audiovisuel, les deux se retrouvent au final sur le même terrain. 

La société Nanolight, créée il y a dix ans, est tout d’abord un light designer, global lighting. On pourrait dire un intégrateur en lumière, de la conception dans l’espace à l’installation, indépendant des fabricants, apte à créer des systèmes sur mesure au besoin. La société a développé de nombreuses réalisations, en hôtellerie, espaces de commerce, bureaux (zones de réception client), cinémas, etc. De cette expérience, la société a créé la marque Exception qui représente l’aboutissement de l’intégration réseau, audiovisuelle et lighting, pour des projets privatifs haut de gamme.

Une meilleure connaissance de la lumière permettrait aux intégrateurs AV de proposer de meilleurs éclairages pour les salles de visioconférences. Celles-ci sont trop souvent éclairées comme un bureau par des luminaires de plafond, qui ne fournissent pas une lumière équilibrée pour la prise de vue des caméras, sans que personne ne propose un rééquilibrage de la lumière. Les nouveaux éclairages à Led sont un gros facteur de développement pour les intégrateurs audiovisuels. À eux de prendre le problème à bras le corps pour y développer un savoir-faire, en lumière d’intérieur, pour développer de nouveaux marchés.