Philippe Hautemaison, ingénieur d’application pour le distributeur de matériel professionnel, nous présente en détail l’infrastructure de cette salle et ses applications potentielles…
Vous inaugurez un showroom Q-SYS VisionSuite. Quelle est sa vocation ?
Philippe Hautemaison : À l’origine, cet espace était une salle de formation où nous recevions les intégrateurs français pour leur présenter les dernières innovations technologiques de nos fournisseurs. Les récentes avancées technologiques du constructeur Q-SYS nous ont incités à faire évoluer cet espace pour intégrer ces nouveautés. Cette salle nous permet désormais de dispenser des formations hybrides, d’offrir des cours en présentiel comme en distanciel, ainsi que de tenir des visioconférences classiques. En mode formation, elle peut accueillir jusqu’à huit personnes. Parallèlement, cet espace est aussi utilisé pour des démonstrations technologiques, mettant en valeur les performances des équipements. Dans ce cas, il accueille jusqu’à vingt personnes.
Quelle est la valeur ajoutée de cet environnement Q-SYS ?
Dans les salles actuelles, il est essentiel de garantir que les utilisateurs puissent se concentrer sur leur mission principale, qu’il s’agisse de transmettre un message ou de recevoir des informations, sans se soucier des aspects techniques. C’est là que la solution Q-SYS prend tout son sens. La personne qui prend en main un poste de travail reçoit des instructions claires pour simplifier l’exploitation des fonctionnalités proposées. Par exemple, lors de l’activation de la salle, un message vocal et visuel accueille l’utilisateur et le guide : « Bienvenue, veuillez patienter pendant le démarrage. Si vous souhaitez lancer une visioconférence ou une présentation, cliquez ici. » Des bandeaux Led ajoutent des signaux visuels pour renforcer l’accompagnement : si le micro est coupé, un message audio indique « microphone coupé » et les Led passent au rouge pour prévenir les utilisateurs.
Quels sont les équipements installés dans cette salle ?
La salle est équipée de matériel Q-SYS à près de 100 %. Néanmoins, au plafond, un microphone Shure MXA 920 capte le son dans l’ensemble de la salle et transmet les coordonnées des intervenants au système Q-SYS VisionSuite. Ce système dirige automatiquement la caméra vers la personne qui prend la parole, permettant au site distant de la voir en temps réel, quel que soit le logiciel de vidéoconférence utilisé.
Dotée de haut-parleurs Q-SYS AD-S802T, complétés par un caisson de basses, cette salle offre une restitution sonore de haute qualité. Le processeur Core, véritable cerveau de l’installation, gère le traitement audio afin d’éviter les échos désagréables et d’assurer une expérience d’écoute agréable.
Des caméras de la série NV de Q-SYS distribuent les signaux vidéo vers une douzaine d’écrans, dont ceux des participants et chaque écran est équipé d’un décodeur vidéo. Le processeur Core assure la gestion intelligente de la salle, en contrôlant notamment les commutations de sources en fonction des informations reçues. Par exemple, si un utilisateur branche un câble USB, le système détecte la connexion et bascule automatiquement la source d’affichage, offrant ainsi une expérience fluide et sans complexité pour l’utilisateur.
Cette salle propose une expérience hybride améliorée grâce à un système de tracking très performant semble-t-il ?
Oui, la salle est équipée du système de suivi avancé Q-SYS Seervision qui permet un tracking de haute précision. Une fonctionnalité particulièrement utile pour les formations hybrides où le formateur peut être filmé en gros plan lorsqu’il parle aux participants, ou cadré de manière plus large lorsqu’il interagit avec un tableau blanc ou un paperboard. Le tracking intelligent garantit que le formateur reste visible pour les participants distants, même s’il se déplace dans la salle. Le système peut même ajuster l’éclairage en fonction de la position du présentateur pour éviter les contre-jours ou améliorer la visibilité d’un écran. Ce niveau de personnalisation peut être adapté à divers contextes audiovisuels, pour répondre à des besoins précis.
Comment fonctionne le tracking ?
Le système de tracking se compose de deux éléments : l’asservissement de caméra pour l’audience et le tracking pour le présentateur. Les deux briques technologiques peuvent opérer ensemble ou indépendamment, selon les besoins.
Le tracking de l’audience est opéré grâce au micro Shure. Le micro envoie au processeur des coordonnées précises en plan large pour repérer les personnes dans la zone définie. Dès qu’un participant prend la parole dans cette zone, le système commute automatiquement sur une caméra dédiée, garantissant ainsi que l’interlocuteur soit cadré et visible pour le site distant.
Pour le présentateur principal, le tracking s’opère par détection d’image. Une zone spécifique de déclenchement a été définie, dès que l’intervenant entre dans cette zone, le système de tracking s’active et la caméra suit ses mouvements tant qu’il reste dans cet espace en s’appuyant sur la puissance du processeur Seervision. Ce processeur Q-SYS embarque une technologie d’analyse d’image qui utilise le flux vidéo pour identifier clairement le présentateur parmi les autres éléments de la scène. Son suivi se base sur dix-huit points de repérage sur le corps. Cette technologie garantit une détection fiable et un suivi optimal, en distinguant clairement les participants et en ajustant la caméra en fonction de leur position.
Le système permet un réglage fin de la vitesse et de la fluidité du mouvement de la caméra, avec des zones d’ajustement pour améliorer le suivi selon les besoins. Lorsqu’un présentateur quitte la zone de tracking, la caméra retourne automatiquement à un plan large prédéfini, offrant ainsi une vue d’ensemble de la salle jusqu’à la prochaine intervention.
Cette application peut-elle être exploitée dans tous types de salles ?
Oui, l’application est adaptable à tous types de salles, du moment que la portée de la caméra est suffisante. Actuellement, les caméras Q-SYS ont une portée jusqu’à trente-cinq mètres, et elles peuvent être placées en fond de salle ou au centre pour maximiser la couverture. Très polyvalente, la solution peut s’adapter aussi bien aux grands espaces qu’aux plus petits : auditoriums, amphithéâtres, salles de classe hybrides, salles de réunion et conseils… Ici, notre salle fait sept mètres par cinq, une taille relativement modeste, et la solution s’y adapte parfaitement.
Ici, l’installation intègre différents types de caméras, quels sont-ils ?
La solution utilise exclusivement des caméras Q-SYS. Ces caméras offrent un niveau de précision et de rapidité dans la transmission d’informations pour le tracking inégalable. Trois types de caméras sont installés : une caméra e-PTZ avec une optique fixe et un angle d’ouverture très large, et deux caméras PTZ (Pan, Tilt, Zoom) avec des valeurs de zoom de 12-80 et 20-60.
Pour le suivi du présentateur principal, nous utilisons une caméra PTZ 12-80 placée à cinq mètres de la zone de présentation prédéfinie. Pour proposer un suivi multi-présentateur, nous avons une deuxième caméra, la NC 110, avec un angle d’ouverture de 110°. Cette caméra, dédiée à une vue d’ensemble de la scène, peut détecter l’entrée d’une seconde personne dans la zone lorsque la première caméra est focalisée sur l’intervenant principal. Pour une installation discrète, ces deux caméras sont placées au fond de la salle et leur superposition assure une intégration visuelle minimaliste.
Cette solution est conçue pour la visioconférence mais les flux captés peuvent-ils être exploités autrement ?
Oui, cette solution Q-SYS offre des possibilités élargies. Elle est certifiée pour les plates-formes de communication unifiées les plus courantes : Microsoft Teams, Google Meet, Zoom et Cisco Webex. Cependant, elle reste ouverte et agnostique en matière de compatibilité avec d’autres plates-formes. Grâce à une connexion USB, le système remplacera les équipements intégrés d’un PC standard (webcam, micro et haut-parleur) par les équipements professionnels de la salle, optimisant ainsi la qualité des échanges, mais il permet également de récupérer les flux via HDMI pour les enregistrer sur un support traditionnel ou pour les diffuser dans la salle. Pour récupérer et enregistrer le flux vidéo ou une diffusion sur grand écran on utilisera un logiciel de conversion ou un boîtier de conversion/distribution vidéo comme ceux de la série Q-SYS NV.
Enfin, comment voyez-vous l’avenir de cette salle et plus largement, l’avenir de cette solution ?
Cette salle est actuellement configurée pour répondre à nos besoins actuels avec la technologie fournie par le fabricant. Q-SYS bénéficie d’une puissante équipe de R&D, et la plate-forme progresse rapidement pour s’adapter à des exigences de plus en plus spécifiques. En tant que formateur, j’apprécie particulièrement le confort offert par cet environnement, cependant de nombreux autres usages sont possibles. Chez Algam, nous envisageons d’ailleurs de créer d’autres espaces davantage orientés vers l’entertainment et l’événementiel.
Les applications VisionSuite et Seervision peuvent être utilisées séparément. Par exemple, dans un environnement où seul le suivi du présentateur est nécessaire sans diffusion de l’audience, Seervision peut être déployée pour gérer uniquement le tracking de l’espace scénique. Cette flexibilité permet d’adapter la solution à des besoins audiovisuels spécifiques presque sans limites ! L’écosystème Q-SYS combine une plate-forme logicielle et une infrastructure matérielle. Le processeur Core peut être enrichi de licences spécifiques, notamment un moteur de script pour créer des modules de pilotage des équipements tiers.
Une licence de type perpétuelle est requise pour l’affichage d’une interface utilisateur dans la salle. Pour le serveur Seervision, une licence est proposée sur trois, cinq ou sept ans. Quant à la supervision cloud qui assure le suivi de l’état des équipements à distance, elle peut être opérée avec une version gratuite basique, mais une version payante avec une licence mensuelle permet d’accéder à des fonctionnalités plus avancées.
Article paru pour la première fois dans Sonovision #37 p.30-32