Monté à l’entrée du Sunny Side, le Cube invitait à expérimenter, en 360° et en collectif, des contenus interactifs ou conçus pour la réalité virtuelle. En accueillant les visiteurs dans cette structure légère et démontable (maximum quinze personnes), les producteurs de Black Euphoria et Bachibouzouk, à l’origine de ce nouveau dispositif de projection en forme de scène itinérante, entendent ainsi toucher des publics différents et apporter du « relief » à un contenu éditorial.
Adaptés pour le Cube qui s’appuie sur la technologie de diffusion à 360° d’Igloo Vision (GB), les documentaires Home : Aamir (production National Theater et Surround Vision), la série Histoires d’espaces de Laurent Duret, Eldorado de Philippe Decouflé et Bruno Masi (qui fait visiter le lieu de répétition du chorégraphe), Little big whale de Fabrice Schnöller et Alexis Broca ont été diffusés…
Pour sa première édition, PiXii tenait aussi à rappeler la diversité des modes de diffusion (en réalité virtuelle, augmentée et immersive) qui ont cours aujourd’hui et concernent l’image documentaire. Et, au travers d’études de cas et de retours d’expériences, de favoriser les rencontres entre les producteurs de contenus VR et les porteurs de solutions technologiques pour d’éventuels partenariats.
« Faute de trouver des contenus, les porteurs de dispositifs innovants sont souvent amenés, pour les valoriser, à utiliser leur propre production. Au Sunny Side, les producteurs sont là. Nous avons même fait venir des acteurs de la culture digitale et représentants des lieux de médiation culturelle (office de tourisme, musée, site patrimonial, aquarium, etc.) », remarque Stéphane Malagnac, responsable de la programmation PiXii.
Les modes variés de la diffusion sur site
Pour exposer cette image vidéo mise en scène hors média, ont été retenus plusieurs dispositifs interactifs de médiation bien connus déjà des professionnels de la muséographie. Sous forme d’installation fixe, la grande table tactile déployée par Moskito au parc Galamé-Maison de la Nature à Loon-Plage contrôle, via le déplacement d’objets tangibles, une projection sur un triple écran de documentaires sur la vie des abeilles.
Empruntant pour sa part la forme (aujourd’hui très répandue) d’un parcours mobile sur tablette (via la technologie Tango de Google), la médiation en réalité augmentée, proposée par 44 Screens pour le musée de la Mer des Iles de la Madeleine, laquelle se propose de scanner en 3D et en temps réel un gigantesque squelette de cachalot, constitue un temps fort du parcours muséographique.
La solution de l’immersion géolocalisée correspondait à l’autre grand volet de cette offre digitale. Mis à part la scène du Cube, la plupart des applications sont proposées avec un casque VR et se cantonnent à l’expérience individuelle. Dans mesure où aujourd’hui l’offre en documentaires VR ou vidéo 360 ° se montre suffisamment fournie, PiXii proposait une programmation autour des thématiques du Sunny Side : Océans & Vie sauvage, Histoire, Art et Culture.
Parmi ces applications, on pouvait découvrir Utrillo-Valadon réalisée par Art of Corner, qui fait visiter un atelier d’artiste dans ses moindres recoins (avec un Oculus Rift ou un HTC Vive). L’expérience se singularise par la qualité de sa reconstitution volumétrique obtenue via une capture photogrammétrique. Porté par Magnificat Films et Fabrice Hourlier (Indigènes Productions), le projet de série VR Tableaux d’Histoire, qui introduit des moments clés de l’histoire de France à partir de peintures figées selon le principe du « freeze motion 360 », dévoile, quant à lui, le potentiel ludo-pédagogique de telles explorations immersives.
Autre découverte originale de l’histoire ou d’un patrimoine, les voyages sonores spatialisés créés par Narrative à la demande de l’Abbaye aux Dames de Saintes. L’histoire de ce lieu dédié à la musique baroque s’appréhende de manière non visuelle, mais selon un parcours sonore repéré via des balises e-beacons. À chaque station, la séquence audio déclenchée mêle récits, dialogues et musiques.
De cette première expérience réalisée avec un casque HD AudioTechnica, la production a retenu des bonnes pratiques à suivre : opter pour un son 3D quand l’acoustique est complexe (salle voûtée…), enregistrer sur place et en binaural les commentaires et prévoir une signalétique physique afin de parfaire la déambulation… Si chaque projet possède son enjeu narratif, le son spatialisé permet, mieux que l’image, d’expérimenter le réel, selon la productrice Cécile Cros.
PiXii ne pouvait pas non plus passer sous silence la captivante installation interactive et sonore de Bernie Krause dévoilée lors de l’exposition Le Grand Orchestre des Animaux à la Fondation Cartier.** Réalisés par Upian, ces « paysages sonores » invitant à un tour du monde des niches sonores empruntent spontanément la forme d’un orchestre avec, à gauche, les fréquences de sons émis les plus basses, et à droite, les plus élevées.
* Extrait de notre article paru pour la première fois dans Sonovision #8, p. 24-28. Abonnez-vous au magazine Sonovision (1 an • 4 numéros + 1 hors-série) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.
** Lire notre article « Le Grand Orchestre des animaux », entretien avec Camille Chenet, responsable de la production des expositions à la fondation Cartier.