Sonovision : Culturespaces a commencé à exploiter en 1977, sous le nom des Carrières de Lumières, le site des Baux-de-Provence qui diffuse des spectacles sons et lumières dans le cadre des Cathédrales d’images…
Augustin de Cointet de Fillain : Quand nous sommes intervenus, l’expérience immersive se concevait comme un diaporama. En ouvrant les Ateliers de Lumières à Paris, nous avons repensé complètement le mode opératoire afin de proposer des programmes plus diversifiés tout en leur assurant une plus grande stabilité d’exploitation. Nous avons alors développé un système de gestion globale, qui va de la fabrication des images (photothèque, recherche des droits, etc.) jusqu’à la diffusion des expositions immersives sur nos différents sites. Notre objectif est de développer une logique de bibliothèque permettant de valoriser nos expositions.
S. : Après le site naturel des Baux-de-Provence, les Lumières se sont installées dans des sites construits et urbains, notamment en France à Paris et récemment à Bordeaux. Comment s’opèrent les choix ?
A. C. F. : Les sites que nous recherchons doivent répondre à des critères précis. Ils doivent avoir une « âme », se trouver au cœur d’une activité économique dense, et avoir une surface minimale de 2 000 mètres carrés, avec une bonne hauteur sous plafond (au moins huit mètres) pour donner une impression de volume. Nous n’avons pas de taille maximale. Mais plus le site est grand, plus les coûts d’exploitation explosent. Nous voulons rester sur un produit économiquement stable. Nous recevons beaucoup de propositions. Mais il y a peu de lieux au monde répondant à ces critères.
S. : Fin 2018, Culturespaces s’est déployé à l’international et a ouvert un centre d’art numérique en Corée du Sud…
A. C. F. : Nous avons ouvert sur l’île de Jeju en Corée du Sud le Bunker de Lumières. Cet ancien bunker des télécommunications est situé sous une colline. Le site fonctionne selon un système de franchise. Culturespaces a monté le projet, réalisé l’audit technique de l’installation, mais c’est une entreprise coréenne qui l’a mis en œuvre et l’exploite. Toutes les expositions immersives qui y sont programmées sont issues de notre catalogue (Gustav Klimt…). Elles font l’objet d’une adaptation car le site a une faible hauteur de plafond (5,50 mètres) et possède de nombreux piliers qui ont dû être habillés par des miroirs. Nous avons aussi d’autres projets à l’international, dont l’ouverture d’un espace à New York.
S. : Quel est le rôle des programmes courts ?
A. C. F. : Nos sites proposent une exposition principale d’environ 35 minutes sur un grand maître de l’histoire de l’art comme Van Gogh (etc.) et une autre plus courte de dix minutes. Ces programmes courts permettent de faire connaître la création numérique contemporaine. Par ailleurs, les Ateliers disposent d’un studio dédié à cette création, de même que les Bassins de Lumière.
S. : Comment se fait le choix des créateurs ?
A. C. F. : Étant une entreprise privée, nous ne fonctionnons pas avec des systèmes d’offre. Les artistes ne doivent pas hésiter à nous envoyer leurs propositions, surtout sur la partie contemporaine. Leurs candidatures seront soumises à un comité de programmation. Nous sommes très ouverts.
Extrait de l’article paru pour la première fois dans Sonovision #18, p.48-52. Abonnez-vous à Sonovision (4 numéros/an + 1 Hors-Série) pour accéder, à nos articles dans leur totalité dès la sortie du magazine.