ETC, le monde comme terrain de jeu et la passion comme moteur

ETC est l’un des principaux acteurs sur le marché de l’événementiel hors-norme. Là où c’est difficile, ETC a des solutions technologiques et des équipes aguerries pour les mettre en œuvre.
À gauche : Projection Empire State Building / Superbien / Seism. © Charles Roussel ; à droite : Cathédrale de Reims / Moment Factory. © DR

 

Cette interview réunit Peter Robberechts, directeur général d’ETC depuis 2020 ; Laurent Segelle, responsable du département installations fixes depuis dix ans ; Léo Farré, récemment nommé business developer, qui a rejoint ETC lors de sa deuxième année de BTS audiovisuel, et Arnaud Masserann, responsable développement du logiciel propriétaire d’ETC : Onlyview.

 

Sonovision : Comment se sont passées ces dernières années pour ETC, Covid et post-Covid ?

Peter Robberechts : Lors des premiers confinements, il est apparu clairement que le secteur de l’événementiel allait connaître une période très difficile. Avec ETC, nous avons immédiatement mis l’accent, pour le marché intérieur, entièrement sur les installations fixes et nous avions déjà un contrat solide avec les Jeux olympiques de Tokyo. Ces deux piliers nous ont permis de traverser assez bien ces années compliquées.

Léo Farré : Ces dernières années ont été pour nous l’occasion de faire un grand bond en avant par rapport à des avancées technologiques qui étaient encore au stade de la réflexion.

Arnaud Masserann : Ce temps à part, nous a permis de tester sur une période courte les dernières évolutions et de peaufiner des systèmes que nous allions mettre à l’épreuve pour nos commandes à venir, telles que les cérémonies olympiques des JO de Tokyo. Outre le tracking que nous savions gérer de manière mécanique et en GPS, nous avons intégré un système de tracking et auto-line up en infrarouge grande échelle, un stade complet, ce qui n’était pas envisageable avec les systèmes limités à la taille d’un plateau de théâtre. Nous avons aussi finalisé l’intégration hardware/software de l’AR et la XR (qui sont parfaitement exploitées dans le spot publicitaire Louboutin. Création d’images : Les Vandales).

 

Les différents matériels déployés pour cette projection monumentale. © Alexandre Ayers

 

Et du côté de l’installation fixe ?

Musée de la Marine Casson Mann – maîtrise d’œuvre scénographique et direction artistique. © DR

Laurent Segelle : Les chantiers en installations fixes ont pris encore plus d’essor : nous avons donc embauché trois nouvelles personnes pour le département et développé l’aspect maintenance et assistance à l’exploitation des installations muséographiques et des spectacles de mise en valeur architecturale. L’objectif ? Des déploiements de plus en plus performants intégrant des outils de surveillance et de prise en main à distance. Parmi nos dernières réalisations, le parcours Soissons en Lumières avec Moment Factory, la Cité Internationale de la langue française à Villers-Cotterêts (CMN – Projectile) et le musée de la Marine à Paris (MDM – Casson Mann) vont être livrés dans les prochaines semaines. Nos équipes sont intervenues à la fois pour la mise en œuvre de vidéoprojections sur des surfaces complexes et pour la conception et installation de dispositifs novateurs, comme les 72 luminaires sonores ou la salle immersive à 72 écrans à Villers-Cotterêts (images par Ultra Noir).

A.M. : Pour chaque installation, nous sommes à même de faire évoluer notre logiciel pour répondre très exactement à la demande formulée et nous adapter à chaque dispositif. L’un des aspects les plus gratifiants de mon travail est la collaboration avec mon équipe de développeurs et d’utilisateurs finaux hautement qualifiés. C’est un grand privilège de pouvoir visiter des sites et constater de visu comment fonctionne notre produit. Rester à l’avant-garde est toujours notre priorité absolue, c’est pourquoi nous investissons dans les technologies logicielles et matérielles les plus récentes.

 

Les opérateurs en action à New York. © Alexandre Ayers

Y a-t-il eu d’autres changements en termes d’équipe ou de méthodologie ?

P.R. : Oui ! Notre bureau d’études s’est approprié la connaissance des scans au lidar et de la photogrammétrie, nous permettant ainsi d’être autonomes dans le traitement des nuages de points et rendus. En intégrant les objets 3D dans Onlyview, nous exploitons toute la puissance de notre logiciel. Et nous avons aussi embauché trois jeunes diplômés de leurs BTS, dont un développeur et une personne aux services généraux pour soutenir toute notre production. Nous avons à cœur de former du personnel en interne afin de transmettre les savoirs.

L.F. : Par exemple, pour la réouverture du Carlton pendant le Festival de Cannes 2023, nous avons collaboré avec Parrot pour réaliser un scan aérien. Grâce à cela, notre implantation a réussi le difficile challenge d’éviter les multiples palmiers plantés devant l’hôtel, sans obérer la qualité requise pour un tel événement.

A.M. : Nous sommes également en train de nous développer en Amérique du Nord. L’année dernière, en collaboration avec nos amis de Superbien et sous la direction technique de Seism (notre partenaire Onlyview aux États-Unis), nous avons testé un système d’étalonnage virtuel pour la révélation de la saison 4 de Stranger Things sur Netflix. C’était nécessaire car il n’est pas très facile de se promener sur la façade de l’Empire State Building ! Comme nous ne sommes jamais autorisés à projeter – pas même une seconde – un contenu final, l’émission a été lancée sans que personne ne l’ait vue en conditions réelles. C’est l’avantage d’une solution flexible et sécurisée comme Onlyview.

L.F. : Notre partenariat avec l’université de New York, The New York Tandon Engineering School, est aussi un bon exemple qu’on ne se cache pas, mais que nous sommes toujours en train de chercher l’input ; par le biais des clients et agence graphique, mais aussi par le biais de la nouvelle génération d’opérateurs, ingénieures et talents créatifs.

 

Quelles sont les perspectives d’ETC ?

L.S. : Nous avons pour objectif de poursuivre le développement de l’aspect « expositions temporaires » et souhaitons pénétrer le marché retail, sur lequel nous comptons déployer à grande échelle notre version Nano d’Onlyview, essentiellement un player vidéo mini format qui fait le maximum !

A.M. : Nous avons également développé Onlyview sur les cartes Intel SDM et sommes à même d’avoir donc notre média serveur intégré dans les vidéoprojecteurs ou des écrans, amenant directement au cœur de l’appareil toutes les fonctionnalités de vidéomapping ou d’un média serveur. C’est une avancée très importante qui va permettre de repousser les limites de la création et de libérer les installations de nombreuses contraintes techniques.

L.F. : Nous souhaitons enfin continuer à développer l’intégration de nouvelles fonctions utilisant les dernières technologies d’IA dans Onlyview mais nous vous en dirons plus une prochaine fois.

 

Le mot de la fin ?

P.R. : L’amour de la technologie est indéniable, mais n’oublions pas que c’est notre équipe d’experts expérimentés qui nous est fidèle depuis de nombreuses années qui rend toutes ces installations possibles. C’est uniquement grâce à leur polyvalence et à leur passion que nous avons pu surmonter les défis posés par le Covid et la situation mondiale qui a un impact sur nos industries à tous les niveaux. Nous sommes prêts et enthousiastes à explorer ensemble de nouveaux territoires créatifs, en nous appuyant sur nos dernières avancées techniques. Continuons à grandir et à prospérer ensemble, en embrassant le changement et en repoussant les limites. Avec notre équipe dévouée à nos côtés, tout est possible.

 

ETC EN QUELQUES DONNÉES

  • 40 personnes à temps plein. En activité depuis 1981.
  • Media Servers OnlyView V7 utilisés en installations fixes en show control automatisé, en événementiel sur vidéoprojecteurs, moniteurs, écrans Led.
  • Régies de captation HD et 4K ; Panasonic, Grass Valley et Ross.
  • Récents spectacles : le Millénaire du Mont Saint-Michel (Les Petits Français – Production Amaclio), spectacles estivaux de Reims, Soissons, Bourges… À l’année, nombreuses conférences incluant lumière, son, traduction, vélotypie, etc. et tournages publicitaires.

 

Article paru pour la première fois dans Sonovision #33, p. 34-36