Sonovision vous dévoile les secrets des cinq œuvres originales qui ont marqué cette édition : le théâtre antique de Fourvière (1/5), la cathédrale Saint-Jean (2/5), la Grande Poste de la place Bellecour (3/5), la place des Terreaux (4/5), et la gare Saint-Paul (5/5). Des propositions variées et originales, offrant de nouveaux horizons techniques ou narratifs.
Difficile de passer après Yann Nguema. En 2016, son Evolutions sur la cathédrale Saint-Jean avait ébloui la fête. Forcément, l’attente du public serait importante pour le suivant… Un challenge relevé par le duo LNLO, composé d’Helen Eastwood et de Laurent Brun. « Ce qu’a fait Yann Nguema était magnifique, salue Laurent Brun. Nous utilisons la même approche : utiliser le code, la programmation informatique, plutôt que le dessin. Et son travail est monumental ! »
LNLO n’a pas peur des défis : en 2013, ils avaient déjà succédé aux populaires Anookis sur la gare Saint-Paul. Mais pour la cathédrale Saint-Jean, l’histoire est toute autre. « C’est un bâtiment compliqué, analyse Laurent Brun. Ce lieu est chargé d’histoire. On doit respecter sa dimension religieuse. » D’ailleurs, leur première idée, jugée « en décalage avec l’image de la cathédrale », avait été retoquée dans détours. « On ne peut pas faire ce qu’on veut avec ce bâtiment… » La violence, les flammes, les images suggestives n’y ont pas leur place. Les créatifs se sont donc focalisés sur les effets et les couleurs. C’est donc l’exception de cette édition : « Unissons » propose une succession classique de tableaux colorés, qui jouent avec l’architecture en musique. Trois univers reliés par la musique se terminaient en un final très punchy.
Du déjà vu ? Justement non. Car en s’associant avec l’éclairagiste Daniel Knipper, le duo a expérimenté une nouveauté technique spectaculaire : superposer projection et éclairage. « Je pense que c’est une première, signale Daniel Knipper. Au cœur de la vidéo, les projecteurs led permettaient d’amplifier des détails, d’ajouter une touche organique, de retrouver la matière de la pierre. Le mélange vidéo/lumière crée une nouvelle émotion. » Le résultat : de grisants effets de taches lumineuses, qui embrasent les détails architecturaux comme de la peinture électrique… Pour y parvenir, une cinquantaine de projecteurs led ont été disséminés sur la façade, et coordonnés avec les quatre vidéoprojecteurs Panasonic 30 000 lumens.
Programmé par Laurent Brun sur des moteurs de jeux vidéo (Unity, Unreal Engine…), ce spectacle très graphique a impressionné par sa précision. « Mais on aurait pu aller encore plus loin, glisse-t-il. On pensait que le niveau de détail était trop important. En fait, lors de la projection, on a réalisé que l’on aurait pu le multiplier par 4 ! » Par contre, sur le conseil de l’organisation, il ne regrette pas d’avoir ralenti le rythme. « Au début, on était trop dynamique, cela bougeait beaucoup. Mais comme le recul est faible, l’œil ne peut pas tout suivre. » Plus de finesse, mais moins de vitesse.
Au final, l’expérience est très positive. « Être face à 4 000 personnes toutes les 10 minutes, qui s’expriment et applaudissent, c’était une première. Notre première fois aux Nuits Blanches, on avait 40 personnes ! » Et ce, même si la création fut, au final, assez consensuelle. « Je m’étais juré de ne jamais faire de cascade de briques. C’est loupé ! »
* Extrait de l’article paru pour la première fois dans Sonovision #10, p.18/22. Abonnez-vous à Sonovision pour accéder à nos articles dans leur totalité dès la sortie du magazine.
** Retrouvez notre article précédemment paru sur le théâtre antique de Fourvière (1/5). La suite des articles sera diffusée la semaine prochaine dès lundi…