Derrière Flshka Design se cache un habitué de la Fête : Jean-Noël Beyssier. « Pendant plus de dix ans, j’ai été compositeur et sound designer. J’ai fait plusieurs fois Lyon au sein des équipes d’Edouard Lévine et des Orpailleurs de Lumière. En 2015, j’ai eu envie de créer mes propres projets, et on a monté à trois Flshka. » Lyon était leur premier grand rendez-vous. Et si le résultat surprend autant, c’est que Jean-Noël Beyssier, directeur artistique, l’a construit à partir du son. « Après l’écriture du scénario, Nicolas Boscovic nous a produit un premier jet musical. J’ai alors créé un immense tableau Excel de 18 pages pour marquer les temps musicaux, les mesures. On a calé l’animation dessus. » Une démarche proche des pyrotechniciens. « Cela donne un mouvement très chorégraphié à l’animation, au personnage. On entre plus facilement dans la musique. L’ensemble crée un effet immersif. » Sur cette gare Saint-Paul, l’équipe a eu envie de raconter le voyage d’Ulysse. Comme beaucoup de ses confrères, Jean-Noël Beyssier a également incarné son histoire. « C’est un peu Ulysse en version jeu vidéo. Un personnage simplifié, assez neutre, mais qui permet de suivre le récit. » Les références au mythe d’Homère sont nombreuses. « On proposait deux grilles de lecture, analyse Camille Lucchino, sound designer. Certains ont simplement vu l’aventure du personnage. D’autres auront reconnu les clins d’œil à l’œuvre, un peu partout. »
Ce qui a surpris, c’est ce choix graphique, mêlant traits naïfs, univers punk, rétro-gaming… « On voulait quelque chose qui s’approche de la culture street-art et hip-hop, explique Jean-Noël Beyssier. Qu’on ait l’impression que le geste ait été très rapide. » Ce qui explique parfois la simplicité des détails. « Il ne fallait pas que tout soit trop précis. On voulait ce côté naïf, coloré. Un graphisme très spontané, sans insister sur les textures, le shading. On est loin du photoréalisme ! » Un peu comme un graffti à la bombe.
Pour créer ses images, Jean-Noël Beyssier confie avoir jonglé entre les logiciels, d’After Effects à Photoshop, en passant par le vectoriel… « Je peux très bien faire quelque chose en 3D basique, puis repasser dessus en 2D. Un graphiste, s’il me voyait travailler, serait un peu surpris. J’ai des méthodes pas très académiques ! »
Par contre, le studio a travaillé au maximum la symbiose avec le bâtiment. « On n’a pas fait de placage, on a beaucoup joué avec l’architecture. Nos quatre vidéoprojecteurs Christie 20K en dual nous permettaient d’ajouter un axe de profondeur, un effet 3D de trompe-l’œil. » Une obligation, selon lui, face aux nombreuses contraintes de la gare : position en contre-plongée, fenêtres à masquer, câbles électriques traversant le champ… « Ce bâtiment ne peut être utilisé comme un simple écran. Il faut construire à partir de ces difficultés. » Le personnage a ainsi été pensé à la taille des fenêtres. « Comme cela, il pouvait jouer avec ces blocs noirs : se cacher, surgir…»
Flshka Design n’a donc pas manqué sa première. « Être aux Lumières, c’est quelque chose ! L’organisation nous a beaucoup accompagnés, leurs conseils sont précieux. Par exemple, ils nous ont aidés à ne pas être trop rythmiques, à prendre le temps d’installer les choses. Cela nous donne envie de revenir vite ! »
* Extrait de l’article paru pour la première fois dans Sonovision #10, p.18/22. Abonnez-vous à Sonovision pour accéder à nos articles dans leur totalité dès la sortie du magazine.
** Retrouvez en ligne tous nos articles précédemment parus à propos des mappings de la Fête des Lumières sur le théâtre antique de Fourvière (1/5), la cathédrale Saint-Jean (2/5), la Grande Poste de la place Bellecour (3/5) et la place des Terreaux (4/5).