Mini-salon des rencontres sur l’AV sur IP à Rennes

À travers les rencontres qui se sont tenues à l’Université de Rennes 2, force est de constater que la collaboration entre IT et production audiovisuelle n’est pas toujours aussi sereine et fluide comme espéré. Compte rendu des dernières nouveautés présentées à cette occasion.
En haut : large gamme chez Extron de codeurs et décodeurs © Extron. En bas, à gauche : barre de visioconférence Jabra Panacast 50 © Jabra ; à droite : décodeur Kramer KDS-7 © Kramer

 

Début juillet, l’ANSTIA (Association nationale des services TICE et audiovisuels de l’enseignement supérieur et de la recherche) et l’AV User Club France ont organisé à l’Université de Rennes 2 des journées d’études consacrées à l’audiovisuel sur IP. Ce thème est au cœur d’une évolution majeure des systèmes audiovisuels de production et de diffusion. Les images et les sons, transportés jusqu’à présent sur des câblages dédiés vont migrer petit à petit vers les réseaux IP déjà largement déployés dans les entreprises et les institutions.

Ces rencontres ont réuni plus de 120 professionnels et leur ont permis de faire le point sur les récentes évolutions techniques de l’AVoIP, mais aussi de confronter leurs premières expériences pour ceux qui ont déjà franchi le pas vers ce nouvel univers. Les échanges, parfois animés, ont conduit les participants à formuler des pistes de travail pour rapprocher les deux univers et aboutir à une collaboration plus efficace. La plupart des séances plénières ont été enregistrées par les équipes du CREA, le service audiovisuel de Rennes 2, et sont disponibles sur la chaîne YouTube de l’ANSTIA.

 

Caméras PTZ et mât télescopique chez Panasonic

Panasonic a centré sa présentation sur sa gamme de caméras PTZ et leurs accessoires de robotisation. Parmi ceux-ci, le système d’élévation Panapod de Polecam, une exclusivité Panasonic. Il reçoit sur un mat motorisé une caméra pour la placer en hauteur et la déplacer verticalement. En version de base, la hauteur maximale est de 1,5 m et en option une seconde colonne monte jusqu’à trois mètres. Un bras horizontal est proposé pour fixer jusqu’à trois caméras (ou d’autres équipements). Le système est contrôlé depuis un pédalier. Il est doté d’une interface série et IP pour le piloter depuis les pupitres de la marque.

Le Panapod de Polecam, commercialisé par Panasonic, facilite l’installation en hauteur d’une ou plusieurs caméras. Il est piloté par les pupitres de télécommande des caméras PTZ. © PA Taufour

Panasonic avait apporté aussi ses nouvelles caméras PTZ d’entrée de gamme, les modèles HE20 (résolution HD) et UE20 (avec sortie UHD). Les deux modèles sont équipés d’un zoom optique 12x, de sorties SDI, HDMI, USB et d’un encodeur de streaming.

Le nouveau caméscope AG-CX350 est un modèle de poing 4K avec un capteur 15 millions de pixels avec une dynamique HDR de type HLG. Il fournit des signaux HDMI, SDI, NDI-HX et IP. Son objectif est contrôlé depuis une télécommande filaire et grâce aux pupitres de contrôle des caméras PTZ.

 

La barre audiovisuelle panoramique de Jabra

Connu pour ses écouteurs et ses microcasques, Jabra a fait une entrée remarquée sur le marché de la visioconférence suite à l’acquisition d’Altia Systems, un spécialiste du traitement vidéo avec des caméras panoramiques multicapteurs, la gamme Panacast. Le modèle Panacast 50 est une barre de visioconférence équipée de trois caméras filmant sur un angle de 180°. Un outil de stitching associe les trois images 4K en une seule qui couvre un champ de 4,5 mètres à une distance de 6 mètres. Dotée de puissants outils de traitement basés sur l’IA, le cadrage s’adapte automatiquement sur le nombre de personnes présentes devant la caméra et grâce à un réseau de huit microphones, le cadrage suit les intervenants au fil de leur prise de parole. La barre audiovisuelle Panacast 50 a reçu l’agrément MTR de Microsoft et sera agréée par Zoom d’ici l’automne.

Basé sur le même principe de prise de vues multicapteurs, Jabra propose aussi le modèle Panacast limité à la prise de vues toujours sur un champ de 180°. Enfin, pour une utilisation individuelle sur ordinateur, le modèle Panacast 20 est une caméra 4K dotée d’une fonction zoom intelligent, d’une compensation des écarts lumineux et d’un mode picture in picture intelligent.

 

Sennheiser, outil de supervision Control Cockpit

Sennheiser avait choisi de centrer ses démonstrations autour des nouveaux usages du Dante et de mettre en avant des solutions logicielles facilitant l’interopérabilité de ses outils. Dans beaucoup d’organismes, le nombre de salles équipées de sonorisation croît régulièrement et en conséquence le parc de microphones. En cas de difficultés d’exploitation, l’équipe technique n’a pas accès directement aux paramètres du microphone pour aider à distance l’orateur. En s’appuyant sur les liaisons numériques de sa gamme de micros sans fil Digital Wireless, il devient possible de dialoguer directement avec le récepteur muni d’une interface IP et du coup avec le micro via sa liaison HF. Cet avantage a été étendu à une large gamme de micros, comme les modèles col-de-cygne ou les micros de surface proposés également en liaison sans fil.

Sennheiser a donc conçu un logiciel de contrôle et de pilotage de ses outils de prise de son, dénommé Control Cockpit qu’il met à disposition gratuitement pour les équipes d’exploitation. Dans une interface claire et épurée, il donne accès à de nombreuses fonctions (appairage émetteur/récepteur, verrouillage de boutons, état des batteries et des chargeurs, arrêt des équipements…) mais aussi aux paramètres du réseau Dante et aux dalles plafond de prise de son.

 

La gamme Adecia de Yamaha

En complément à sa gamme d’outils de prise de son sans-fil Adecia, destinés à la communication unifiée, Yamaha avait mis en place un atelier de configuration de son système complet de gestion du son centré sur le point d’accès sans fil RM-WAP-8 associé au processeur de salle de téléconférence RM-CR. Celui-ci, relié par un réseau Dante au point d’accès WAP-8, mais aussi aux dalles de plafond RM-CG et aux enceintes amplifiées VXL1, détecte les équipements de la salle, effectue de manière automatique l’égalisation et la configuration des divers matériels via une diffusion de bruit rose. Grâce à ses fonctions de contrôle de gain, de suivi automatique de la voix, d’annulation d’écho adaptée en permanence, de réduction de bruit et de réverbération, il garantit un confort d’écoute optimal quelles que soient les conditions de déroulement de la réunion.

Le point d’accès RM-WAP8 prend en charge huit canaux transmis en DECT 1,9 GHz avec un chiffrage AES256. Il transmet les signaux reçus sur un réseau Dante via une interface RJ-45 POE. Son interface Web intégrée sert à appairer les divers micros sans fil de la gamme Adecia, les configurer et surveiller leur état ainsi que les conditions de transmission HF.

 

Dante, de l’audio sur IP à la vidéo sur IP

Connu pour son réseau audio sur IP, Audinate a profité des rencontres de Rennes pour préciser les caractéristiques de Dante AV, la version vidéo de Dante Audio. Fort de son succès dans le monde de l’audio (plus de 500 constructeurs commercialisant 3 000 produits), Audinate a repris la même stratégie, développement d’un algorithme en lien avec des modules hardware à intégrer dans les matériels compatibles. L’audio et la vidéo sont transmis en IP sur un réseau Gigabit grâce à un codec JPEG2000, avec une latence de 8 ms.

Pour gérer les flux, Audinate a repris le logiciel Dante Controler en ajoutant au niveau de chaque terminal, un bouton de sélection des signaux, vidéo, audio et de contrôle afin d’établir les niveaux de crosspoint. Dans le cas de partage du réseau avec d’autres services, l’utilisateur peut limiter le débit affecté aux signaux audiovisuels.

En complément aux modules hardware, Audinate a développé une version logicielle du Dante AV, appelée Dante Studio. Le module récepteur, déjà disponible, tourne sous Windows en lien avec une carte GPU Nvidia. Le module émetteur et un module d’affichage multiviewer sont en cours de développement.

 

Les dernières évolutions du NDI de NewTek

La nouvelle caméra PTZ3 de NewTek offre plusieurs jeux de paramètres pour choisir le type de codec, la taille du GOP et le débit du signal vidéo, compatible NDI HX2 ou HX3. © NewTek

3D Storm est venu présenter les nouveautés de NewTek et du protocole NDI. Tout d’abord la nouvelle caméra PTZ3, la première à profiter du nouveau codage NDI HX3. Celui-ci fonctionne en mode I-Frame avec un codec H.264 ou HEVC pour offrir plusieurs niveaux de performances avec un débit compris entre 8 et 70 Mb/s. La latence a été réduite et les équipements HX3 fonctionnent aussi en mode HX2.

Concernant le NDI 5, 3D Storm a rappelé ses avancées et a présenté le serveur NDI Core de Kiloview. Tournant sous Linux avec une connectique SFP + de 10 Gb/s ou 40 Gb/s, il est capable d’offrir les capacités d’une matrice 32 x 32 ou 64 x 64. Il dispose d’un panneau de contrôle personnalisé mais, via une API, il peut être piloté par un automate.

Du côté mélangeur, le nouveau TC1 Pro était en démonstration. Il dispose de quatre entrées et quatre sorties en SDI pour faciliter son intégration dans des environnements hybrides SDI et NDI. Il est livré avec les options du programme NewTek Premium Access. Côté liaisons duplex, il est capable d’établir quatre échanges simultanés en Teams, Zoom, WhatsApp ou autres. Le module de visioconférence Skype TX fonctionne avec Teams en mode duplex ou multiplex.

 

 

Le système NAV Pro d’Extron

Chez Extron, le système de distribution audiovisuelle sur IP est dénommé NAV Pro. Conçu pour les besoins de l’entreprise, il transmet sur un réseau IP (au choix Gigabit ou 10 Gb/s) la vidéo avec une résolution 4K UHD à 60 im./s codée en 4 :4 :4, l’audio, les signaux USB et un flux Ethernet. Il est basé sur un codec propriétaire avec une latence inférieure à une image.

Les encodeurs sont proposés en plusieurs versions selon les signaux transportés (images et sons seuls) ou bien l’USB et l’Ethernet en complément et selon l’interface réseau, 1 ou 10 Gb/s. Sur tous les modèles, l’entrée HDMI est reprise vers une sortie en mode boucle. Les modèles Gigabit sont interopérables avec les décodeurs équipés d’une interface 10 Gb.

Les décodeurs sont tous équipés d’un circuit scaler pour afficher les images sur un mur d’images. Les signaux audio sont transmis en AES67 avec une compatibilité Dante. Les liaisons USB sont bidirectionnelles de manière à constituer un système KVM.

Pour piloter les outils de la gamme NAV et gérer les points de croisements, Extron propose le boîtier Navigator. En base, il supervise 16 terminaux puis 48, 96 et 240 par achat de licences perpétuelles.

 

L’architecture NVX de Crestron

Crestron a complété sa gamme de systèmes de transport et de distribution numérique Digital Media avec une version AV sur IP appelée NVX. Basé sur un codec propriétaire fonctionnant avec des puces Intel et Intopix, il offre un transport vidéo, audio et des signaux de contrôle (IP, IR, RS-232 et CEC) sur réseau Gigabit. Selon les modèles de terminaux, les résolutions varient entre la HD 1080p et l’UHD 4K 60p avec codage 4 :4 :4, et transport de signaux HDR, HDR10 + et DolbyVision pour les plus complets.

Selon les versions, ils sont alimentés en mode POE ou POE +. Tous les terminaux sont compatibles AES67 et transmettent une multitude de codages audio multicanaux Dolby et DTS. La latence est comprise entre 9 et 11 ms. Le transport des signaux USB 2.0 est bidirectionnel et permet le raccordement de caméras USB pour la visioconférence. Plusieurs modèles sont pourvus d’un scaler en sortie pour alimenter des murs d’image. Pour gérer les terminaux NVX, Crestron propose un serveur, le NVX Director. Il sert aussi de pont avec les outils d’automation et à afficher les images transmises sur les pupitres tactiles.

 

Le KDS-7 de Kramer

Sous la référence KDS-7, Kramer propose une gamme d’outils de transport AV sur IP, basés sur le codage JPEG 2000 et fonctionnant sur un réseau Gigabit, pour des résolutions 4K UHD 60p avec un codage 4 :2 :0. Plusieurs modèles d’encodeurs sont disponibles : un modèle simple avec une seule entrée HDMI, un second avec deux entrées (HDMI et USB-C), et enfin un troisième avec deux entrées HDMI et une USB-C et le transport audio en AES67, compatible Dante. Leurs entrées HDMI sont reprises sur une sortie en boucle pour alimenter un équipement local. La sélection de la source est soit télécommandable ou automatique sur le dernier appareil raccordé.

Les décodeurs restituent les images sur une sortie HDMI, mais pour assurer une compatibilité avec des installations existantes, ils sont également munis d’une entrée HDMI. Ils sont équipés de scalers pour alimenter des murs d’images dans diverses configurations (1×4, 2×4…). Tous les terminaux KDS-7 sont équipés de deux ports réseau, l’un réservé au transport AV, et le second pour une intégration dans un système d’automation et sont munis d’une interface Web pour les contrôler.

 

Les switchs audiovisuels d’Agora Audio

À partir de son expérience dans l’installation et les prestations techniques de sonorisation de spectacles et d’événements, Agora Audio a développé une gamme de commutateurs réseau, adaptée aux technologies audio sur IP. Le switch Ghost a été le premier modèle, lancé il y a maintenant six ans. Il est équipé de douze ports Gigabit, indépendants et assignables, et deux ports optiques Gigabit. Il est compatible avec les protocoles CobraNet, Ethersound, Dante et Artnet. Il peut gérer 99 groupes. Chacun des huit ports de la face avant est muni d’un mini-afficheur LCD couleur. La version Ghost X est munie de ports optiques à 10 Gb/s et accepte en plus le protocole AES67, tandis que la version Pi ajoute l’alimentation POE+ sur chacun des ports.

 

En partie basse de la photo, le logiciel Agora Controler affiche l’état des divers ports des switchs placés au-dessus de l’écran pour les configurer et les superviser. © PA Taufour

 

Le modèle Fast 2 associe deux switchs indépendants de manière à offrir une redondance totale sur deux réseaux séparés. Il est équipé de douze ports Gigabit (six sur le primaire et six sur le secondaire), ainsi que deux ports de liaison et deux interfaces optiques. Selon les besoins, les deux réseaux peuvent être regroupés par liaison interne.

Le switch H1 est un modèle hybride destiné à établir une passerelle entre les réseaux Dante et d’autres protocoles AoIP (Ethersound, Artnet, AVB-Milan, TCP/IP). Sous forme d’un demi rack 1U, il reprend les fonctions du Ghost avec un nombre de ports plus limité et incorpore une carte Audinate Brooklyn II, offrant une matrice 128 x 128. Un logement est prévu pour recevoir des cartes de traitement Auvitran au format AxC pour convertir les signaux dans une multitude de formats.

 

MediorNet de Riedel, une architecture distribuée de routing et de processing

Pour assurer le transport des signaux audio et vidéo sur un site de production, Riedel propose deux approches avec son architecture distribuée MediorNet : soit un transport en mode TDM (Time Division Multiplex) sur fibres optiques dédiées avec les châssis Micron, Micron UHD et Compact ou bien un basculement vers le tout IP avec les passerelles miniatures Fusion, les modules optiques SFP Muon issus de la technologie d’Embrionix et les châssis Virtu pour les accueillir et constituer des outils de routing et de processing extrêmement compacts.

L’une des forces des produits MediorNet réside dans la capacité à intégrer des modules logiciels assurant des fonctions de traitement, de conversion, de codage et décodage et d’affichage multisources dans les divers châssis et interfaces constituant les deux gammes. Ainsi toute la puissance de traitement est répartie en mode « Software Defined Hardware » sur l’ensemble des équipements constituant le réseau de transport et de distribution, qu’il soit exploité en TDM ou en IP.

 

Les switchs AV Pro de Netgear

Netgear, spécialiste des actifs réseaux, a développé la gamme de switchs AV Pro spécialement pour le transport des signaux audiovisuels sur IP. Ils se répartissent en trois gammes correspondantes chacune à des niveaux de débits croissants avec des architectures de plus en plus puissantes. La gamme M4250 correspond au transport de signaux vidéo compressés et est donc munie de ports Gigabit ou 2,5 G. Elle se décline en plusieurs versions selon le nombre et le type de ports affectés à l’interconnexion et la puissance disponible en mode POE. Cette catégorie de produits est compatible avec les protocoles audio AES67, Dante, Q-Sys et AVB, et pour la vidéo NVX de Crestron, SVSI d’AMX, NDI, Kramer, SDVOE et Dante AV. Pour en faciliter l’exploitation, Netgear a conçu une interface dédiée, plus adaptée aux compétences des praticiens de l’audiovisuel, ainsi que des profils audio et vidéo.

La seconde série des switchs Pro AV de Netgear, sous la référence générique M4300, est destinée à l’échange de signaux vidéo non compressés et les ports de desserte sont calibrés sur des débits de 2,5, 5 ou 10 Gigabits. Selon les modèles ils seront de type cuivre ou recevront des modules SFP+.

Enfin la troisième gamme disponible sous la référence M4500 est réservée aux infrastructures haut de gamme avec des ports de type SFP + et QSFP couvrant des débits compris entre 10 et 100 Gb/s.

 

Article paru pour la première fois dans Sonovision #28, p. 40-43


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