Xperience, une expérience VR5D à fond les manettes

La nouvelle attraction du Futuroscope, Sébastien Loeb Racing Xperience, inaugure une nouvelle génération d’attractions à base de VR, de 3D temps réel et de simulateur 4D. Sorties de routes garanties.

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Vivre une course contre la montre en compagnie du champion de rallycross le plus titré au monde au volant de sa Peugeot 208 WRX ? L’expérience d’immersion à 360 ° du Futuroscope, Sébastien Loeb Racing Xperience, est unique, associant à l’adrénaline de la course les sensations physiques de la conduite. Rien n’est épargné au spectateur co-pilote, bien calé sur son siège baquet dynamique, ni les secousses de la route ni 
les accélérations amplifiées par le bruit du moteur, ni les odeurs de fumée. Tandis que dans son casque de réalité virtuelle (un HTC Vive), il voit défiler à plus de 180 km/heure les petites routes d’Alsace et des Vosges. À ce ride déjà bien secoué a été ajoutée une dimension interactive en 3D temps réel qui pimente l’expérience VR. « En associant d’autres technologies à la réalité virtuelle, le Futuroscope pousse le curseur de la réalité virtuelle à un stade avancé afin qu’elle offre le meilleur d’elle-même », se félicite Dominique Hummel, anciennement président du directoire du Futuroscope. Initiée et produite par l’agence de marketing sportif FrayMedia, l’attraction VR (au budget de 6,5 millions d’euros) a demandé deux ans de production, mobilisé l’équipe du Sébastien Loeb Racing ainsi que les sociétés Ellip6 (pour le simulateur dynamique), XXII Group (pour la 3D temps réel), Small Studio (pour la postproduction et les VFX) et le FabLab du Futuroscope.

 

Un ride en 6 K

C’est dans la zone d’attente de l’attraction qu’est dévoilé le pitch de cette course contre la montre (en 3 minutes chrono). Sébastien Loeb et son co-pilote doivent transporter au plus vite, à un laboratoire médical, un échantillon d’un gaz hallucinogène qui vient de se répandre dans l’atmosphère. La fiole tenue par le co-pilote ne doit en aucun cas être renversée durant le trajet. Mais malmenée dans les virages, elle laisse parfois échapper du gaz dans l’habitacle, ce qui provoque des hallucinations. Un prétexte, pour les scénaristes, à varier les sorties de route et multiplier les sensations de conduite : sortie en trombe du paddock, dérapages contrôlés sur route asphaltée ou piste de terre, évitement d’obstacles, jumps acrobatiques…

« Toutes
 ces conduites différentes ont été mises au 
point avec Sébastien Loeb, qui s’est impliqué à chaque étape de la production, souligne le producteur Pierre Burgeot (FrayMedia). Celui-ci avait testé, au préalable, les effets 4D autorisés par le simulateur dynamique à six axes. C’est 
à partir de ses sensations que l’on a défini le circuit. » 
Comme dans un rallye, le bolide de 580 chevaux est minutieusement préparé avant le tournage par les mécanos de l’écurie de Sébastien Loeb et l’équipe du directeur de production Pierre Bercy. « Nous nous sommes vite aperçus qu’une caméra 360 ° n’était pas nécessaire, car une voiture de rallye n’offre aucune visibilité à l’arrière, remarque le réalisateur Carl Bouteiller qui signe avec Xperience son premier tournage en VR. Le champ de vision du co-pilote n’est en fait que de 180 degrés. Le reste du champ a été filmé à part. » C’est donc une caméra Red Helium 8K qui a été installée sur le siège avant droit pour filmer la vue du co-pilote. « Cette caméra compacte se montrait très appropriée à ce tournage, précise le directeur de la photo Eric Genillier. C’est aussi la seule à filmer en 6 K, une contrainte imposée par le casque de réalité virtuelle qui ne peut diffuser qu’à 60 images par seconde. » La caméra est équipée d’une optique Entaniya à très courte focale (venue spécialement du Japon) dont la monture a été modifiée par le loueur RVZ pour s’adapter à la Red.

Pour absorber les secousses et assurer à l’image une stabilité parfaite, Jean Chesneau (Propulsion), qui se trouvait alors sur le tournage de Mission Impossible avec Tom Cruise, va mettre au point, avec le chef machiniste Vincent Blasquot, un système ingénieux anti-vibration, qui enserre la caméra entre deux plaques montées sur des ressorts spécialement usinés. L’équipe de Sébastien Loeb, de son côté, fabrique, pour la voiture de rallye, dont la portière droite a été enlevée afin d’augmenter l’effet de vent (et le stress du co-pilote), une bavette de protection en caoutchouc sur la roue pour éviter les projections. Des panneaux Led sont fixés au plafond, et six micros, dont un ambisonique, sont répartis dans l’habitacle, dans le moteur et à la sortie du pot d’échappement. Ces derniers bruitages seront ajoutés en postproduction, avec le sound design spatialisé par Côme Jalibert, afin de mieux faire ressentir les dérapages et les crissements de pneus.
 Le circuit est à son tour minutieusement étudié. « Nous repérions ensemble le circuit, poursuit le réalisateur. Puis Sébastien Loeb faisait avec sa voiture un run d’essai, voire deux, avant le tournage. Cela lui suffisait pour reproduire sa conduite avec une précision remarquable. Si nous avons refait certaines prises, c’était uniquement parce que ses répliques, 
qui s’adressaient à son co-pilote, n’étaient pas parfaitement calées avec l’action. » Si chaque prise de vue en 6K a un poids conséquent, le volume de rush se montre inférieur à celui d’un tournage classique de film automobile : chaque run ne durant ici qu’entre 30 secondes et une minute et le nombre de prises étant très réduit.

Les séquences tournées à des endroits différents sont ensuite dépliées dans Nuke et postproduites chez Small Studio, une division de Mac Guff Line, qui ajoute les VFX (comme les hallucinations ou les « dégazages ») pour lier les cinq décors. Les deux images (la vue du co-pilote et l’arrière de l’habitacle) font enfin l’objet d’un stitch (couture d’image) sur Flame. XXII Group aura la charge de la diffusion de l’image 360 précalculée dans le casque VR et de l’intégration en 3D temps réel au moyen de la technologie Leap Motion des mains du spectateur co-pilote. Filmées par un capteur du casque, celles-ci sont reproduites en 3D dans le film, ainsi que la fiole qu’elles tiennent. L’équipe s’occupera également de synchroniser la vidéo sur les 108 casques VR de l’attraction.

 

Sous le capot… du siège 4D

Autre acteur important de l’attraction, le siège électrodynamique, dans lequel est assis le spectateur co-pilote, est synchronisé au film VR. Il a été mis au point par Ellip6 à partir d’un simulateur de dernière génération à six axes, dérivé des technologies aéronautiques. Intégré à la forme du siège baquet, un PC exploite les données issues des capteurs de mouvement installés par l’entreprise, lors du tournage, sous le propre siège de Sébastien Loeb. Les mouvements modélisés de
 son siège, les inclinaisons de la voiture et les reliefs de la route sont ainsi transmis au simulateur et recréés en temps réel. Cette synchronisation contribue à limiter l’effet de motion sickness. Pour parachever l’immersion, sont embarqués dans le dossier du siège des effets 4D correspondant aux dégazages : jets d’air, odeurs de gomme brûlée… Enfin, l’accoudoir du siège comporte une manette ressemblant à la fameuse fiole de gaz hallucinogène. Dotée de capteurs, celle-ci se gonfle en fonction de l’inclinaison donnée par le spectateur qui peut provoquer, par sa maladresse, un dégazage intempestif.

Si 108 simulateurs identiques (18 rangées 
de six fauteuils) équipent la salle de projection du Futuroscope décorée façon écurie
 de course, chaque spectateur vit une expérience unique : les capteurs de son casque, qui suivent en temps réel ses mouvements de tête, lui permettant de choisir ses angles de vue. Le parc, qui propose trois modes d’intensités différentes pour vivre l’expérience (du plus secoué au plus « doux »), prévoit d’accueillir 650 visiteurs par heure et 2,5 millions de personnes par an. Ce qui fera d’Xperience le film VR le plus vu au monde et la première grande attraction en VR du Futuroscope, incarnée, qui plus est, par un champion dont les exploits sont abondamment relatés dans la salle de pré-show de 700 mètres carrés. Pour marquer le coup, le parc a créé le label VR5D.

 

* Extrait de l’article paru pour la première fois dans Sonovision #11, p.14-15Abonnez-vous à Sonovision (4 numéros/an + 1 Hors-Série) pour accéder, à nos articles dans leur totalité dès la sortie du magazine.