Les processeurs audio-numériques existent depuis qu’existe l’audio-numérique ; cependant ils ont largement évolué en 25 ans et continuent à évoluer avec des puces électroniques toujours plus puissantes. Conçu pour des applications où l’interface utilisateur est minimum, le processeur audio revêt des applications en sonorisation d’espaces tels que magasins, restaurants, mais aussi dans le milieu corporate pour des salles de conférence sans régisseur, des salles de réunion ou de formation. Le processeur permet d’écarter les utilisateurs qui pourraient trop facilement mettre les mains sur une console audio et rapidement déconfigurer leur propre installation. Cette analyse se concentre sur les produits de milieu de gamme, les plus nombreux.
Le point commun de ces processeurs, c’est d’être une boîte, sans interface utilisateur, ou à tout le moins avec une interface minimum, en opposition avec les consoles de mixage audio, qui sont construites autour d’une interface utilisateur complète. Cependant, il existe une interface de configuration, utilisée à l’installation. Cette interface se présente sous forme d’un logiciel spécifique. Cette phase est primordiale pour obtenir le fonctionnement souhaité en autonomie.
On peut catégoriser les processeurs en deux groupes d’après l’interface logiciel qu’ils proposent : ceux qui sont préconfigurés et dont le logiciel se présente un peu comme une console de mixage plus ou moins classique, tels que les MTX de Yamaha, les DMP d’Extron, les Avia de Crestron, les Converge de ClearOne et ceux qui ouvrent leur logiciel sur une page blanche, où l’on a, à gauche les entrées physiques et à droite les sorties, pour que l’utilisateur définisse totalement le cheminement et le traitement à appliquer aux signaux audio. Dans certains cas le constructeur propose une ou plusieurs configurations types à partir desquelles il est possible de décliner plus facilement sa propre configuration.
L’avantage des systèmes préconfigurés, c’est que le délai de traitement est fixe, et donc prévisible. Ils sont aussi plus faciles à mettre en œuvre par un technicien du son, qui retrouve un environnement assez classique. L’avantage des systèmes libres c’est que l’on peut construire l’architecture la plus complexe, ou la plus originale dans la seule limite des capacités de puissance du processeur, limite qui est toujours indiquée dans la fenêtre de l’interface logiciel.
Il est à noter que tous les processeurs ne sont pas égaux de ce point de vue ; certains sont capables de traiter des dizaines de correcteurs paramétriques en parallèle, là où d’autres sont limités à une ou deux dizaines de correcteurs. Il faut donc choisir son appareil en fonction de la complexité des canaux à gérer, du nombre de circuits anti-écho, du nombre de correcteurs paramétriques, etc. Il n’y a pas de règle absolue. Il faut se rapprocher des constructeurs en fonction de ses projets. Il est à noter que ce n’est pas toujours le produit le plus cher qui a le plus de puissance de traitement.
Un des points communs des nouveaux processeurs audio est leur évolution sur les interfaces audio numériques. À la base, tous ces appareils proposent un jeu d’entrées et de sorties analogiques, dans une proportion de 8 à 12 I/O. Mais il faut y ajouter les canaux numériques. Les anciens formats tels que le CobraNet, ne sont plus d’actualité. C’est là que l’on voit le rapide développement des interfaces Dante, parfois AVB, ou encore propriétaires, et aussi certains qui peuvent proposer un mélange d’interface propriétaire et Dante tel BSS. La partie numérique peut apporter quelques canaux sur les Extron, Bose ou Crestron, jusqu’à un grand nombre sur Biamp avec 128 canaux et BSS avec 64 Dante et 256 propriétaires ; là aussi on observera de larges différences d’un appareil à l’autre.
Les interfaces numériques ouvrent la possibilité d’interconnecter les processeurs dans une architecture avec des zones déportées, cela permet aussi d’avoir une liaison directe avec des récepteurs de micro HF ou, en sortie, des liaisons directes avec des amplis équipés d’entrées numériques. L’offre, de ce point de vue, se développe rapidement chez de nombreux constructeurs.
Si l’on choisit un processeur en fonction des applications, pour la sonorisation d’un restaurant, les besoins sont principalement de pouvoir choisir une entrée pour changer de source, avoir des égaliseurs pour ajuster la réponse dans l’espace et disposer d’un accessoire de contrôle comme un clavier 4 boutons plus volume, pour gérer la diffusion. Un petit processeur préconfiguré, de type Zone Pro de DBX, ESP de Bose, MTX-3 de Yamaha ou ZoneMix de Symetrix peut couvrir les besoins de base.
Dans une salle de conseil ou un auditorium configuré pour des visioconférences et/ou équipé d’un insert téléphonique, il faut impérativement disposer d’un système d’anti-écho AEC (Automatic Echo Canceller) et des entrées Dante. Les produits MRX de Yamaha, Tesira de Biamp, DMP d’Extron ou Avia de Crestron sont les produits adaptés.
Pour des applications de site où l’audio est distribué entre plusieurs zones, les Qsys Core 110F de QSC ou le Blu de BSS offriront des avantages technologiques pour la gestion globale du site. Mais ces indications ne sont pas définitives. Tous ces processeurs peuvent prendre presque toutes les positions.
Dans tous les cas, les processeurs proposent des mémoires de configuration. Ces mémoires permettent de passer d’une situation à une autre de façon dynamique. Par exemple, avec deux salles de réunion pouvant être réunies par une cloison mobile, un processeur permet de faire fonctionner chaque salle indépendamment sur le plan audio et de rappeler un plan de diffusion qui va couvrir les deux salles globalement, comme une seule salle quand on ouvre la cloison.
Il y a quelques années, les processeurs avaient des mémoires qui étaient souvent uniquement globales. Aujourd’hui, tous les produits proposent de faire des rappels de mémoires partiels ou spécifiques à une zone du processeur, sans perturber la partie déjà en fonctionnement.
Conclusion
Avec des processeurs de plus en plus puissants et des interfaces numériques qui ouvrent des possibilités d’interconnexion très larges entre constructeurs, les processeurs audio sont devenus indispensables pour toutes les applications. Il est à noter que souvent, par manque de formation ou manque de budget/temps, les réglages sont réduits au minimum sur certaines installations, ce qui revient à sous-exploiter ces appareils qui pourraient rendre de biens meilleurs services aux utilisateurs finaux.
*Extrait de notre article paru en intégralité, pour la première fois, dans Sonovision #5, pp. 32-35. Abonnez-vous à Sonovision pour avoir accès à nos articles complets dès leur sortie.