C’est en produisant Les dernières heures de Pompéi que Stéphane Millière, le président de Gedeon Programmes, imagine de prolonger ce docu-fiction, réalisé par Pierre Stine, par une exposition immersive. Le sujet s’y prête à merveille. Non seulement ce sont les premières fouilles entreprises sur ce site du Parc archéologique depuis près de 70 ans, mais, grâce aux évolutions technologiques, toute la chronologie de l’éruption a pu être finement reconstituée et les avancées scientifiques sont remarquables.
« Après avoir visité les expositions enrichies présentées à l’Institut du monde arabe et le travail de l’Atelier des lumières, j’ai compris qu’avec les images 4K et le riche matériel audiovisuel que nous avions produit, nous avions la possibilité de réaliser une exposition qui placerait le visiteur au cœur de ces fouilles exceptionnelles », explique Stéphane Millière.
Le producteur se rapproche de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais (RMN) et un nouveau volet de l’aventure est acté. « Cette exposition est dans la lignée de celles que nous avons réalisées au sein de la RMN à l’instar de “Sites éternels. De Bâmiyân à Palmyre, Voyage au cœur des sites du patrimoine universel” (2017). Nous avons décidé d’amplifier cette typologie d’expositions immersives, très évocatrice, basée sur des connaissances scientifiques solides », détaille Roie Amit, directeur du digital à la RMN.
Massimo Osanna, le directeur général du Parc archéologique de Pompéi, conseil scientifique et partenaire du docu-fiction, sera aussi commissaire de cette exposition dont l’ambition vise à faire ressentir au public ce qui s’est passé ce 24 octobre 79, avant, pendant et après l’éruption du Vésuve. « C’est la première fois que l’on va raconter cette histoire et la faire vivre aux visiteurs. Nous voulons conjuguer l’expérience spatiale et narrative, c’est un vrai défi. Nous sommes dans une version XXL, grâce aux dimensions du lieu », ajoute-t-il.
Installée au cœur du Salon d’honneur, un immense espace de 1 200 m2 d’une hauteur sous plafond de plus de 18 mètres, une section de la rue fouillée sera scindée en deux, de part et d’autre d’un amphithéâtre, point d’orgue de la visite. Concrètement, quatre maisons seront reproduites grâce à des modélisations 3D réalisées par Aristéas, une société arlésienne spécialisée dans les reconstitutions de bâtiments disparus.
« Les visiteurs vont entrer dans ce gigantesque espace et faire face à un mur de projections. Un écran permettra de donner une perspective, de prolonger la rue à ses extrémités, installées des deux côtés, les murs blancs des domus serviront de support de projection. Plus d’une quarantaine de vidéoprojecteurs 4K vont être installés », souligne Stéphane Millière.
À l’intérieur des deux premières domus, les badauds pourront découvrir une présentation de la cité antique et les premières fouilles réalisées par les Européens dans les siècles précédents. Cette première partie de l’exposition constituera le moment avant le drame. Elle sera notamment illustrée par une partie fictionnelle, tournée en Bulgarie avec des acteurs en costumes d’époque. Ensuite, détaille le producteur, en s’installant dans un amphithéâtre en cercle, le public sera face à un écran de 18 mètres de haut.
« On y verra une projection de la ville et du volcan la surplombant et on y suivra alors toute la chronologie de l’éruption. Celle-ci se déroulera selon un cycle de trente minutes : la chute des lapilli sera suivie du flux pyroclastique », décrit-il.
Si toute la visite sera bruitée (bruits de la ville, musique) et animée grâce à des scènes de la vie pompéienne, d’enfants jouant, d’habitants vaquant à leurs occupations, de soldats, projetées en ombres chinoises sur les façades des maisons, à l’approche de l’éruption, les chiens aboieront et l’affolement sera palpable via un changement d’ambiance sonore : « le nuage gris envahira tous les écrans et tout s’éteindra. Après un bruit colossal, suivi d’un silence, la lumière reviendra tel le soleil qui se lève sur la rue et l’on repartira sur un cycle de trente minutes. »
Sous le théâtre, seront installées des reproductions des moulages des corps retrouvés sur le site au XIXe siècle, des vitrines présenteront des objets découverts pendant cette dernière fouille. La seconde partie présentera cette fois des maisons abîmées par l’éruption. En écho au docu-fiction Les dernières heures de Pompéi, des écrans et des tables tactiles diffuseront neuf boucles documentaires deux minutes, tournées sur le site. Un accent sera aussi porté sur la présentation des nouveaux métiers de l’archéologie et les découvertes récentes dans la troisième domus. Enfin, la quatrième maison sera entièrement vide et dédiée aux plus belles fresques de Pompéi. À l’intérieur, grâce à un mapping dynamique, seront projetées sur ces murs, ces merveilles découvertes au fil des fouilles anciennes et nouvelles.
Pour réaliser ce projet ambitieux, les défis techniques vont être de taille : « cette exposition nécessite énormément d’effets spéciaux. La complexité sera de bien combiner les zones de projection. Tout devra être parfaitement calé pour être réaliste. À cette fin, nous allons tester tout le dispositif en VR. Le plus délicat : les perspectives et les effets du volcan, réalisés en plan fixe par la société belge de SFX, Nozon. Les couches visuelles alpha devront se superposer parfaitement avec tout ce qui se passe dans la rue », détaille Agnès Garaudel, directrice du développement et des partenariats chez Gedeon.
« Une des originalités de cette exposition est de proposer un parcours dans lequel le public est invité à déambuler et à découvrir, au fil de la visite, des émotions, des contenus et des propositions différentes. Elle raconte, non seulement plus de trois cents ans de découvertes archéologiques, mais revient aussi sur les dernières technologies utilisées lors des récentes fouilles, le tout étant enrichi via des dispositifs en réalité augmentée », complète Roie Amit, précisant que des histoires liées aux objets exposés seront consultables sur smartphone.
Concomitamment à cette installation basée sur de solides expertises scientifiques, le Grand Palais proposera un programme culturel composé d’extraits de péplums, de musique, tel le célèbre concert des Pink Floyd (1972), ainsi qu’une série de conférences historiques. Enfin, un jeu VR multijoueurs sera installé au Grand Palais pendant une partie de la durée de l’exposition. Ensuite, ce parcours immersif ambitieux a vocation à être installé dans d’autres grands musées, en Italie, mais aussi en Asie et en Amérique du Nord.
POMPÉI AU GRAND PALAIS DU 26 MARS AU 8 JUIN 2020
• Coproducteurs : Gedeon Programmes, RMN-Grand Palais, Parc archéologique de Pompéi
• Scénographie : Sylvain Roca
• Réalisation des boucles audiovisuelles : Olivier Brunet
• Musiques et sons : Olivier Lafuma
• SFX Volcan : Nozon
• Modélisation 3D maisons : Aristéas
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Extrait de l’article paru pour la première fois dans Sonovision #18, p.46-47. Abonnez-vous à Sonovision (4 numéros/an + 1 Hors-Série) pour accéder, à nos articles dans leur totalité dès la sortie du magazine.
Le docu-fiction Les dernières heures de Pompéi sera diffusé sur France 5, jeudi 26 mars à 20h50 dans le cadre du magazine Science grand format. Retrouvez notre article ici sur le sujet…